Afin de rédiger cet article, nous nous sommes entretenus avec un médecin coordinateur d’Ehpad qui exerce depuis maintenant plus de 30 ans dans ce milieu. 

D’après la Haute Autorité de Santé (HAS) « L’utilisation de mesures telles que l’isolement ou la contention constitue une restriction majeure à la liberté individuelle. Recourir à ces pratiques doit donc rester exceptionnel et limité dans le temps. Leur mise en œuvre implique le respect de la dignité, de la sécurité, du confort du patient et nécessite une surveillance clinique attentive. » 

Il existe de nombreuses mesures de bonne pratique autour de la contention, elles sont disponibles directement sur le site de la HAS.

En tant que soignant, les contentions posent des questions éthiques. Quand devons-nous contentionner un patient ? Quand sommes-nous obligés de restreindre les mouvements des patients ? Est-ce que le patient est dangereux pour lui-même, ou bien pour les aidants ou soignants qui le prennent en charge ? 

Les questions éthiques ne sont pas les seules questions à se poser. En effet, restreindre la mobilité d’un patient accentue le risque de la perte de capacités physiques. Ce qui peut rapidement entraîner un glissement du patient dans des structures ou l’on prend en charge des personnes âgées. 

Comme dans tout type de traitement, il faut toujours raisonner à partir d’un rapport bénéfice/risque. Car parfois, ne pas contentionner un patient chuteur peut s’avérer être la meilleure solution pour sa santé.

À travers cet article nous allons tenter d’éclaircir ces questions concernant les contentions, afin de ne pas y recourir de manière trop rapide. Et surtout ne pas hésiter à les réévaluer régulièrement afin de ne pas garder sous contentions un patient qui ne nécessite plus ce genre de mise en place.

Afin de mieux comprendre les conséquences de la mise en place de contentions, il est important de connaître les différents types de contentions existants. 

Tout d’abord, il est important de noter qu’il existe quatres grandes catégories de contentions :

I/ Les contentions chimiques

Très bien décrite par le corps médical comme étant une méthode de contention qui consiste en l’administration de de médicaments dans le but de réduire la libre mobilité des personnes. 

Le médecin avec qui nous avons pu nous entretenir la qualifie comme étant « celle que j’aime le moins mettre ». 

Il décrit notamment deux grandes catégories de risque qui en Ehpad peuvent avoir des conséquences négatives considérables pour les patients, notamment un risque de chute majoré ainsi qu’un défaut d’alimentation.

Il nous décrit 3 molécules principalement utilisées :

II/ Les contentions architecturales

Elles concernent tous les moyens qui vont être utilisés pour modifier l’environnement physique des patients dans un but de créer des restrictions de mobilité.

On pourra noter par exemple ici :

Ces contentions peuvent être utilisées pour les patients qui déambulent la nuit et qui perturbent le sommeil des autres patients. Si le patient se lève mais ne dérange personne et ne chute pas il n’y a pas de raison de le contentionner par exemple.

III/ Les contentions psychologiques

Ces contentions sont plus abstraites et difficiles et identifier, mais elles sont décrites comme étant des « injonctions » répétées à la personne l’incitant à limiter ses mouvements.

Par exemple :

IV/ Les contentions physiques passives

L’ANAES (Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation de la Santé) décrit les contentions physiques passives comme étant «utilisation de tous moyens, méthodes, matériels ou vêtements qui empêchent ou limitent les capacités de mobilisation volontaire de tout ou partie du corps dans le seul but d’obtenir de la sécurité pour une personne âgée qui présente un comportement estimé dangereux ou mal adapté».

Nous avons par exemple :

– Les contentions au fauteuil. Ce qui entraîne souvent une contention au fauteuil c’est le risque de chute. Mais encore une fois il faut faire attention à ne pas y recourir trop rapidement, gardons en tête le rapport bénéfice/risque. Si le patient est capable de se déplacer c’est totalement différent d’une situation ou le patient se lève et tombe directement. Dans le premier cas on n’aura pas forcément recours à la contention même s’il peut chuter, en revanche dans le second cas la contention peut-être nécessaire.

– Le Sécuridrap, utilisé pendant longtemps mais qui comporte un risque d’étranglement. Le médecin nous dit de ne plus s’en servir. 

– Grenouillère utilisée surtout pour les patients qui font leurs besoins n’importe où (avec de fortes conséquences sur l’hygiène de la structure, par exemple des urines et des matières fécales dans les parties de vie) pour lesquels les autres techniques n’ont pas fonctionné.

Dans cet article nous avons décrit les 4 grandes catégories de contention existantes afin de faire un « tour d’horizon ». Nous approfondirons probablement certaines de ces catégories lors d’autres articles afin de pouvoir être plus précis dans les explications.

V/ Les risques des contentions

Mettre une contention n’est pas un acte anodin. Cela correspond à une restriction volontaire des capacités de mobilité d’un individu, et cela contre sa propre volonté.

Nous vous avons préparé une liste des risques physiques associés aux contentions :

VI/ L’avis soignant de K3W sur les contentions

Il est parfois nécessaire de recourir aux contentions, et lorsque c’est nécessaire il faut les mettre en place. Car certains patients peuvent avoir des attitudes dangereuses pour eux-mêmes ou bien encore pour les soignants et leurs proches. C’est notamment le cas pour des patients en perte d’autonomie décisionnelle.

Mais en tant que soignant nous devons faire attention à ne pas avoir recours trop rapidement aux contentions. Nous pouvons notamment parler des contentions de « confort » dans le travail quotidien des soignants ou des établissements.

Pour notre part, il est inconcevable de restreindre les mobilités d’un patient uniquement car cela nous fait gagner du temps, ou bien parce que cela répond à un manque de personnel ou bien un défaut d’organisation. Dans le cas d’une contention il faut réfléchir avec une vision centrée EXCLUSIVEMENT sur le patient, et non pas réfléchir dans l’optique de faire gagner du temps ou du confort.

Le seul cas où on peut imaginer une contention avec un regard centré sur le soignant serait un cas où le patient présente un danger immédiat pour l’intégrité du soignant. Dans TOUS les autres cas, ce n’est pas envisageable.

Un autre point important pour nous, consiste en la réévaluation régulière des contentions. Cela pourrait nécessiter un article complet afin de déterminer les « délais » de réévaluation dans chaque catégorie.

Dans le cas présent nous tenons simplement à sensibiliser au fait de réévaluer régulièrement la contention, afin de l’enlever dès qu’elle n’est plus nécessaire.

Comme nous tous, les patients ont parfois des « coups de mou » qui entraînent la mise en place d’un dispositif de contention. Mais dès que ce « coup de mou » est passé, il faut retirer la contention, afin de ne pas exposer le patient trop longtemps aux risques précédemment décrits.

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